vendredi 14 février 2014

-Au bout du fil-


Au bout du fil il y a un autre,
Un proche, un « elle », un différent.
Un autre à qui on donne la voix
Celle au pluriel qui guide nos pas.

Destin tragique de l'écriture
Qui ne convoque que sur papier
Ce que la voix fait retentir
Dans un espace démesuré.
Au risque de s'y être lancée
Elle rivalise avec l' éther,
Mais, lui, semble absent de l'équation.
Il a fait de son vide un horizon
Et tourne encore sur lui même,
Le temps, la mort, expatriés.

La voix choisit son rythme, son cadre,
Mais sa consigne est qu'elle déborde
Puisqu'aux soupirs mis en sursis
La fin suspendue tremble à tomber.

A qui dit elle, pour qui l'appel?
Elle marque l'être comme l'air s'infiltre
Disposant des sens dévoués
Qui en produisent la résonance
Dans nos corps de flûtes, percés.

Pour celui sans les trous du monde
Qui se traverse de fond en bout,
Il se trouve qu'en didgeridoo,
Les vibrations arrachent aux notes
Leurs harmoniques extimisées.

Ce qu'on entend au bout du fil
Creuse un peu plus notre passoire.

Quand les torrents d'horreur à la clé
Travestissent notre partition,
Parions qu'un autre téléphone
Et qu'on raccroche cette obstruction

Si je suis celui qui en donne
Je veux être facteur de sillage.
Non pas des voies pour transporter
Mais des repères qu' « y être passé »
Fût une épreuve dont on se souvienne,
Un vrai gage de liberté.



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