-Au bout du fil-
Au bout du fil il y a un
autre,
Un proche, un « elle »,
un différent.
Un autre à qui on
donne la voix
Celle au pluriel qui guide
nos pas.
Destin tragique de
l'écriture
Qui ne convoque que sur
papier
Ce que la voix fait
retentir
Dans un espace démesuré.
Au risque de s'y être
lancée
Elle rivalise avec
l' éther,
Mais, lui, semble absent
de l'équation.
Il a fait de son vide un
horizon
Et tourne encore sur lui
même,
Le temps, la mort,
expatriés.
La voix choisit son
rythme, son cadre,
Mais sa consigne est
qu'elle déborde
Puisqu'aux soupirs mis en
sursis
La fin suspendue tremble à
tomber.
A qui dit elle, pour qui
l'appel?
Elle marque l'être
comme l'air s'infiltre
Disposant des sens dévoués
Qui en produisent la
résonance
Dans nos corps de flûtes,
percés.
Pour celui sans les trous
du monde
Qui se traverse de fond en
bout,
Il se trouve qu'en
didgeridoo,
Les vibrations arrachent
aux notes
Leurs harmoniques
extimisées.
Ce qu'on entend au bout du
fil
Creuse un peu plus notre
passoire.
Quand les torrents
d'horreur à la clé
Travestissent notre
partition,
Parions qu'un autre
téléphone
Et qu'on raccroche cette
obstruction
Si je suis celui qui en
donne
Je veux être facteur
de sillage.
Non pas des voies pour
transporter
Mais des repères
qu' « y être passé »
Fût une épreuve
dont on se souvienne,
Un vrai gage de liberté.