mercredi 7 mai 2014

La capture des mécènes


 A bord de cette dérive, je hais l'inconscience mais je l'aime si fort.
 Donnez lui consistance et je vous fuis, chassez la confiance et je vous suis, passionnément !

Le naufragé prisonnier des fétiches qu'il construit,
 Incarne le paradoxe des images de nos quêtes, 
Il réagit à sa création, en spectateur,
 Si peu dupe mais seul différent.

Qu'y a-t-il chez l'autre qui me soit différent?
Son regard, ses blessures, son style, son engouement.
L'autre dit dans ma peau penser choses inédites,
 Je crois que rien au monde ne saisit l'invraisemblance,
Mais que tout dans ce monde prophétise la pareille,
Et je pleure et me bats pour maintenir l'écart:

Entre toi, entre moi, entre ces gens du même,
De ma course à mes jambes à ce qui les retiennent,
De mon choix jusqu'au tien par un étrange accord,
De mon prix dérisoire pour ton sourire aimant.

Mesure autrement le coût de cet aveu,
Donne lui corps sans savoir l'animer,
Patiente et remarque ta hâte,
Surtout crains de m'en retourner,
Ma muse fait naître mais peut tuer.

mardi 15 avril 2014

Bravoure

Déteins sur moi que je te lise,
Tes draps trempés de ta paresse,
Donne moi l'ennui et ses secrets,
Le plaisir las de tes chaussures,
L'haleine sucrée de ton parfum.
 
Peins sur mon corps aux larmes claires,
Le poids des mots de ton enfance,
Compose en sol coudes appuyés,
Regarde à genoux ta fatigue.
 
Rédige les mémoires de tes lèvres,
Leurs tremblements en circonstance,
Trace au fusain de ton iris,
Les horizons de tes chemins. 
 
Crie le enfin que tu le vives,
Balance le seau de tes injures,
Charge le canon du revolver,
Déchire la toile de ton filet,
 
Prends ce risque,
et viens.

Moment d'égarement

Chaleur fumante, air en coulisse,
Noir habillé, couple élégant,
Tenue pudique des bruits du corps,
Mais seul réflexe car tout au son,
Je donne image à ma vision.

Il y a ce drame traduit d'un livre
De ces querelles qui font famille
Où l'homme prend masque pour liberté,
Et femme pour homme rivalité.

Supercherie d'un pieux destin,
Qui à confesse porte son choix.
Folie armée du libre amour,
Saisit en cour la tradition,
Mais tout échappe à cette étreinte,
La loi, la foi et la raison.

Comment Juliette franchit le voile,
Et Roméo privé de flamme,
Remplissent leurs êtres d'humeur malade,
L'un dans la fièvre, l'autre en poison.

Caprice puéril de deux amants,
Morts pathétiques pour un gant,
Mettent à prix l'amour au détail.

Deux cigales pleurent d'avoir chanté.

Le désir conluerait en fin:
"Qu'ils se consument d'assumer!"

samedi 12 avril 2014

Haut la barre.


Union sensible et passionnée,
Parade jalouse des libertés,
La vue s'envie de beaux reflets,
Et le corps impose un arrêt,
À cet esprit.

Esprit chagriné doux amer,
Développe sa houle industrielle,
Consomme l'habit comme l'air,
Et liquide sa foudre séculaire,
Une fois.

Service,
Compris, payant, en supplément,
D'un sacrifice, d'une création,
Il rend, dit-on, par amour,
son lourd pesant de transmission.

Elle choisit l'union dépêchée par la gagne,
Et elle décout le fin tissage,
Qui mêle son corps et sa présence.

La marionette sans couvre chef,
Subit l'assaut de ses plaisirs.

Elle fait la loi dans son ballet,
En oubliant de son désir,
Qu'elle vit là pour compenser,
Ce vide ailleurs imaginaire,
Pourtant si plein à l'étranger.

Refuse Alice de glisser,
Dans les rêveries accumulées,
Refoule le temps te portant d'un poil,
Admire ton service, à thé, à fleurs ou à dinette,
Reçois veux-tu dans ton salon,
L'amour tannique d'une rencontre.

mardi 4 mars 2014

Le principe et l'hérésie.


L'heure tourne et le passant s'en tape,
A l'arrêt, l'homme pétrifié s'agenouille.

Le premier n'a que faire d'expérience,
Il ignore, inconscient, son parcours.

Le second ne se fait pas raté,
Dépassé comme figé dans la lave.

L'abus en distillerie atterrit l'embarqué,
Une ombre d'entre-deux yeux a brisé le spectre.

De mesures en découpes l'oscillogramme transcrit dans son style l'écho du soubresaut.

Insignifiante erreur de calcul,
L'inouï consent aux coordonnées,
En fait d'endroit son épicentre,
Et passe.

Les aiguilles en un mouvement nous mènent,
Timonières infidèles du pas de nos rameaux,

Elles digèrent le bol fou de notre gouffre,
Elles rassemblent, aimantent nos fiertés.

Le principe suit son raccourci sans but,
L'hérésie un but sans parvis.

A réduire le bouillon de folie du passant principe,
Le temps dénonce le noyau de sa cerise,
Il croque à mort le fruit de son chausse-trappe,
Et l'hérétique conduit par l'image,
Croit ce qu'il voit sans cesser de choir.

vendredi 14 février 2014

-Au bout du fil-


Au bout du fil il y a un autre,
Un proche, un « elle », un différent.
Un autre à qui on donne la voix
Celle au pluriel qui guide nos pas.

Destin tragique de l'écriture
Qui ne convoque que sur papier
Ce que la voix fait retentir
Dans un espace démesuré.
Au risque de s'y être lancée
Elle rivalise avec l' éther,
Mais, lui, semble absent de l'équation.
Il a fait de son vide un horizon
Et tourne encore sur lui même,
Le temps, la mort, expatriés.

La voix choisit son rythme, son cadre,
Mais sa consigne est qu'elle déborde
Puisqu'aux soupirs mis en sursis
La fin suspendue tremble à tomber.

A qui dit elle, pour qui l'appel?
Elle marque l'être comme l'air s'infiltre
Disposant des sens dévoués
Qui en produisent la résonance
Dans nos corps de flûtes, percés.

Pour celui sans les trous du monde
Qui se traverse de fond en bout,
Il se trouve qu'en didgeridoo,
Les vibrations arrachent aux notes
Leurs harmoniques extimisées.

Ce qu'on entend au bout du fil
Creuse un peu plus notre passoire.

Quand les torrents d'horreur à la clé
Travestissent notre partition,
Parions qu'un autre téléphone
Et qu'on raccroche cette obstruction

Si je suis celui qui en donne
Je veux être facteur de sillage.
Non pas des voies pour transporter
Mais des repères qu' « y être passé »
Fût une épreuve dont on se souvienne,
Un vrai gage de liberté.



lundi 16 janvier 2012

« En sabots, Au pas! »


Discrétion joue sa mise au tarot comme au foin,
Poésie larme à l’œil fait tapis pour un rien.
 
Boucle d'or assombrie sans modèle de qui tenir
Fugue le compte erroné, dédaigne la cagnotte.
 
Sans un sou, fleur au poing, pieds tendus elle girouette.
Le regret ne vaut rien en chaleur sous la couette.
 
La dérive onirique se déploie en souplesse:
« Prince Charmant c'est maintenant qu'il faut sonner mon glas! »
 
Car l'amour et ses affres cèlent mon choix en destin,
Comme la petite en rouge qu'un loup mène en chemin.
 
Mais je fais de l'absence autre deuil qu'un sommeil
D'une en neige ou dormant du bois si blanc figé. 
 
Ma détresse au couleurs du printemps qui séduit
Ne parade en folies que pour l'être accroupi.
 
Je veux jouer ma dérive sans regard masculin
Qui chiffre ma jouissance en unité puissance.
 
Mes pas puisent leur errance de la fente renaissante,
Que rien ni personne ne pourra saboter,
De pointure il n'existe que dans les contes de fées!